En France, les multiples activités
d'Amma n'inquiètent pas la Mission interministérielle de vigilance et de
lutte contre les dérives sectaires. "Elle se contente de lancer un
message d'amour et de fraternité universelle", a indiqué à l'AFP Serge
Blisko, son président. Il note toutefois que le groupe de ses fidèles en
France "fait un peu de thérapeutique. Ce n'est pas répréhensible mais
le risque de dérive est là".
Assise
sur un fauteuil drapé de tissus roses, Amma ouvre les bras et une femme
vient se blottir: pendant trois jours à Toulon, cette étreinte de la
femme gourou la plus célèbre du monde, symbole de la compassion
universelle, va se reproduire des milliers de fois.
Pour sa visite annuelle dans le Var (sud-est de la France),
Amma ("mère"), Mata Amritanandamayi de son vrai nom, va serrer dans ses
bras entre 15.000 et 25.000 personnes, hommes, femmes et enfants
confondus. Toulon n'est qu'une étape de son tour d'Europe annuel, qui passe aussi par Pontoise, près de Paris, Barcelone, Milan et Dublin.
Dans
chaque ville, fidèles et curieux se pressent, faisant souvent la queue
pendant plusieurs heures, pour recevoir l'étreinte de cette
quinquagénaire haute comme trois pommes, aux formes rondes et au sourire
rayonnant.
"L'étreinte est un geste spontané, c'est comme une
fleur qui s'ouvre", explique-t-elle en malayalam, la langue du Kerala,
l'Etat d'Inde
du Sud dont elle est originaire. "Le principe de toutes les religions
est l'amour et la compassion", ajoute-t-elle entre deux étreintes.
Considérée
comme un "Mahatma", une "grande âme", Amma incarne pour ses fidèles
l'amour maternel sans borne. Pourtant, en Inde, où le système des castes
limite fortement les contacts physiques entre personnes, étreindre un
inconnu n'est pas un geste anodin.
Un pétale de rose et un bonbon
Au Zénith Oméga de Toulon,
après avoir enlevé leurs chaussures, récupéré un ticket et attendu leur
tour, les candidats à l'étreinte s'avancent à genoux vers Amma.
Vêtue
d'un sari blanc, elle les serre chacun à leur tour longuement contre sa
poitrine, murmurant des mantras ou des "ma chérie", avant de leur
donner un pétale de rose et une pomme ou un bonbon.
Certains
pleurent à chaudes larmes pendant ou après l'étreinte, comme Florence,
venue de Valence. "C'est la première fois que je vois Amma. Je pense
qu'elle transmet une énergie concrète, qui agit pour moi et qui agit
pour le monde".
Autour des câlins prodigués par Amma se déploie
une organisation très bien rodée. Des bénévoles s'affairent derrière les
stands qui vendent de la poudre de santal bénie par la "Mahatma", de
grandes photos la représentant, des livres contenant ses enseignements,
des statuettes de Ganesh et de Shiva, des écharpes et des tuniques.
Tous
ces produits sont vendus au profit de son ONG, "Embracing the World",
qui finance écoles, orphelinats, projets de recherche et aides à
l'émancipation des femmes, à travers des formations et des
micro-crédits.
Forte
de bénévoles dans de nombreux pays, "Embracing the World" est
intervenue après l'ouragan Katrina au Etats-Unis, en 2005, et au Japon
après le tsunami de 2011. Dans le zénith de Toulon, de grandes urnes ont
été disposées afin de récolter les donations pour l'organisation.
En
France, les multiples activités d'Amma n'inquiètent pas la Mission
interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives
sectaires. "Elle se contente de lancer un message d'amour et de
fraternité universelle", a indiqué à l'AFP Serge Blisko, son président.
Il note toutefois que le groupe de ses fidèles en France "fait un peu de
thérapeutique. Ce n'est pas répréhensible mais le risque de dérive est
là".
"Amma elle-même ne dit jamais qu'elle guérit quoi que ce
soit", insiste pour sa part Mathieu Labonne, qui coordonne pour l'Europe
"Greenfriends", la branche écologique d'"Embracing the World". "Elle
donne aux gens de l'amour qui leur redonne de l'énergie pour avancer.
Même s'il n'y a rien de miraculeux qui se passe, peu de gens repartent
déçus", souligne-t-il.
Et en effet, beaucoup des personnes
présentes à Toulon mercredi attendaient avec impatience la prochaine
visite d'Amma en France, promesse d'une nouvelle étreinte.
Source : Le point.fr